Gard / Vaccin contre la grippe : comment enrayer la baisse

Effets de la crise H1N1, controverses sur l'efficacité... Depuis cinq ans, le nombre de personnes vaccinées chute.

Hiver 2014-2015, les urgences du CHU de Nîmes débordent. Les cas de grippe affluent et saturent le service. Une centaine de cas graves nécessitent même une hospitalisation. Au niveau national, on déplore alors 280 décès et, chiffre plus inquiétant encore, la surmortalité pendant les neuf semaines de l'épisode de grippe est de 18 300 personnes ; "en grande majorité, ces décès sont liés à la grippe", affirme le docteur Alain Devallez, médecin directeur du centre de vaccination départemental.

10 millions de Français à risque

Dans le même temps, le taux de vaccination chute. En 2014, sur les 10 millions de Français à risque invités à se faire vacciner, seuls 46,1 % l'ont fait, soit un recul de 13 points par rapport à 2008. Dans le Gard, on est passé de 53,4 % en 2011-2012 à 47,81 % en 2014-2015. Comment expliquer cette défiance ou ce désintérêt vis-à-vis du vaccin ? Indéniablement, la gestion calamiteuse de la crise H1N1 en 2009 a porté un coup très dur et marqué un virage.

120 000 à risque dans le Gard

Quelque 10 millions de personnes à risque, dont 120 000 dans le Gard, sont invitées par l’Assurance maladie à se faire vacciner d’ici au 31 janvier 2016. Il s’agit des 65 ans et plus et certaines catégories de personnes fragiles, souffrant de pathologies chroniques, des femmes enceintes et des personnes en situation d’obésité morbide. Le vaccin est disponible gratuitement en pharmacie sur présentation du bon de prise en charge ou d’une ordonnance. Médecins, infirmiers et sages-femmes peuvent vacciner contre la grippe.
Le Dr Duvallez en est convaincu : "Les pouvoirs publics auraient dû, à l'époque, s'appuyer sur les médecins généralistes, ce sont eux les référents, mais ils ne l'ont pas fait. La forme a entraîné le rejet du fond."
Pour Patrice Héraud, sous directeur de la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) du Gard, il est d'ailleurs nécessaire de "réintroduire les médecins traitant dans la boucle, d'avoir une démarche partenariale" avec eux. En clair, les réimpliquer (via notamment la possibilité de rémunération afférente aux objectifs de santé publique), pour qu'ils plaident en faveur du vaccin, par-delà les personnes à risque sollicitées par l'assurance-maladie, auprès de publics cibles qu'ils ont pour mission d'inciter à se faire vacciner : l'entourage familial des nourrissons prématurés, les femmes enceintes, les personnes présentant une obésité sévère.

Virus très évolutif

D'autres raisons peuvent être invoquées. Tel ces hivers doux, peu alarmants. Ou encore la contreverse sur l'efficacité du vaccin. "Le virus de la grippe est très évolutif et imprévisible, il peut muter, c'est ce qui s'est passé en 2014-2015 et on ne peut pas en vouloir aux laboratoires", estime le Dr Vanessa Ménager, médecin généraliste. À ce propos, Patrice Héraud tient bien à souligner que même s'il est moins efficace, "le vaccin a quand même un effet protecteur, les gens sont moins malades".
Pour le Dr Ménager, les Français sont globalement démobilisés. En dépit d'un virus potentiellement dangereux et des statistiques qui en témoignent, "les gens n'ont pas assez peur de la grippe. Et puis, poursuit-elle, on a un niveau de citoyenneté en France qui n'est pas optimal."
Pour le patron du centre de vaccination du Gard, le Dr Devallez, c'est aspect là est central pour mener une lutte efficace contre la grippe. "Oui, se faire vacciner est un acte citoyen parce que plus on étend la couverture vaccinale plus on diminue la circulation du virus." De fait, le nombre de victimes, imputable chaque année au virus.
Source: midilibre.fr

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